Pourquoi mon chien mange du caca ? Y a-t-il une différence entre excréments humains, de chat et de chien ?
- Jordi Boggione

- 29 sept.
- 3 min de lecture
Mon chien mange du caca ? C’est une scène qui choque plus d’un maître : leur chien surpris en train de dévorer des crottes. Celles d’un autre chien, du chat de la maison… parfois même des excréments humains. Ce comportement, appelé coprophagie, est bien documenté par la science et loin d’être exceptionnel. Héritage ancestral, carences alimentaires, troubles de santé ou simple problème de comportement : les explications sont multiples. Décryptage.

Un comportement hérité de leurs origines

La coprophagie n’est pas une bizarrerie moderne. Elle est enracinée dans l’évolution du chien.
Une étude publiée dans Veterinary Medicine and Science (Hart et al., 2018) révèle que les chiens coprophages privilégient des selles fraîches, âgées de moins de 48 heures. Ce choix instinctif aurait un rôle d’hygiène : éliminer des excréments avant qu’ils ne deviennent porteurs de parasites.
Chez les chiennes allaitantes, ce comportement est normal : elles mangent les selles de leurs chiots pour nettoyer le nid et éviter d’attirer les prédateurs (ScienceDirect, Coprophagia – Veterinary Science). Dans ce cas, la coprophagie est une stratégie de survie et de protection.
Mon chien mange du caca ? Un possible problème d’alimentation

Certains maîtres soupçonnent leur chien d’avoir des carences lorsqu’il se tourne vers les excréments. Mais la science nuance cette hypothèse.
L’étude de Beynen (2020, Diet and canine coprophagy) montre qu’aucune preuve solide ne relie la coprophagie à un manque précis de nutriments (vitamines B, fibres, protéines). Cependant, certains types de selles semblent plus attractifs que d’autres :
• Le caca de chat, riche en protéines, attire particulièrement les chiens, comme une friandise odorante (Scientific American, 2018).
• Le caca d’humain peut représenter une véritable source alimentaire. Une étude menée au Zimbabwe (MDPI Animals, 2018) a montré que les excréments humains constituaient jusqu’à 21 % de l’alimentation de chiens errants, avec une teneur énergétique comparable à certaines viandes.
Autrement dit, si les selles intéressent les chiens, c’est aussi parce qu’elles conservent des nutriments non digérés.
Un signe de problème de santé

La coprophagie peut parfois signaler un souci médical. Les chiens touchés par des parasites intestinaux, des troubles de la digestion, ou encore des maladies comme le diabète ou l’insuffisance pancréatique exocrine, peuvent tenter de compenser en mangeant des excréments.
Dans une enquête menée sur près de 3 000 chiens, Hart et al. (2018) rappellent que si ce comportement reste fréquent, il doit inciter les propriétaires à consulter un vétérinaire pour exclure un problème de santé.
Un trouble du comportement

Le facteur psychologique joue aussi un rôle important. Plusieurs études (Premier Pet, 2018 ; ScienceDirect, 2018) ont montré que :
L’ennui et le stress augmentent la fréquence de la coprophagie, surtout en refuge ou dans des environnements pauvres en stimulations.
L’imitation sociale existe : un chien peut copier un congénère coprophage avec lequel il vit.
La recherche d’attention est une autre piste : si le maître réagit fort, le chien peut répéter l’action pour provoquer une interaction.
Enfin, certains chiots punis lors de l’apprentissage de la propreté développent un réflexe : manger leurs excréments pour les cacher et éviter une sanction.
Ce comportement de peur est bien connu des éducateurs canins.
Conseils de notre éducateur canin comportementaliste
Pour limiter ce comportement, notre spécialiste recommande :
Ne pas punir : éviter de gronder le chien lorsqu’il mange des excréments. La punition augmente l’anxiété et peut renforcer la coprophagie.
Enrichir son environnement : proposer des jeux d’occupation (Kong, tapis de fouille, os à mâcher) pour réduire l’ennui.
Travailler le “laisse” ou “pas toucher” : apprendre à ignorer les excréments en promenade, récompensé par une friandise plus intéressante.
Surveiller et anticiper : ramasser rapidement ses crottes dans le jardin, couvrir les bacs à litière des chats.
Proposer une alimentation adaptée : une ration équilibrée et de qualité réduit les tentations. Croquettes premium, ration ménagère formulée par un vétérinaire ou alimentation crue encadrée sont à privilégier.
Favoriser un lien de confiance : privilégier le renforcement positif (récompenses) plutôt que les réprimandes pour consolider l’apprentissage de la propreté.
Selon lui, patience, cohérence et alimentation adaptée sont les clés pour corriger la coprophagie.
En conclusion
Manger du caca – qu’il s’agisse d’excréments humains, de chat ou de chien – n’est pas qu’une mauvaise habitude. C’est un comportement multifactoriel : hérité de l’évolution, parfois lié à l’alimentation, révélateur de troubles de santé ou de difficultés comportementales.
La vigilance des maîtres est essentielle : un suivi vétérinaire, une alimentation équilibrée et une éducation positive permettent dans la majorité des cas de réduire, voire d’éliminer ce comportement.
Références : Hart BL et al. (2018). The paradox of canine conspecific coprophagy. Veterinary Medicine and Science, Beynen AC (2020). Diet and canine coprophagy. ResearchGate, Premier Pet (2018). Canine coprophagic behavior is influenced by coprophagic cohabitant, Coprophagia – Veterinary Science. ScienceDirect, Abate et al. (2018). Anthropogenic Food Subsidy to a Commensal Carnivore. MDPI Animals, Scientific American (2018). Okay, so some dogs eat poop.










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